L’HEURE HACHÉE
08:45- Omaha Beach: le 916ème régiment de grenadiers rend compte que le WN 70 est tombé aux mains de l'ennemi. 3 chars ont traversé le dispositif du WN 66 et la casemate supérieure du WN 62 est détruite.- Sword Beach: débarquement du Royal Marines Commando N°41.
Il est revenu de guerre pour ainsi dire muet. Il pouvait parler comme tout un chacun, mais il n'y pensait pas, car il n'était occupé que d'un souvenir muet. Puis, un jour, il s'est expliqué: " Nous étions depuis le matin sous le bombardement. Mon camarade et moi avancions prudemment. Il y eut une sorte de grand souffle, un déplacement d'air. Ça va toujours ? ai-je crié. Comme il ne répondait pas, je me suis retourné. Il était décapité. Depuis je n'ai rien à dire, jamais. Je suis occupé par la haine. Celle de la guerre et des guerriers qui l'ont voulue."
Claire Martin
À tout propos
L'instant même
***
Les heures s'enfilent du jour D-ébile. Sur la plage des corps s'empilent. Le sang coagule. Le sable change de couleur. Le temps, d'ailleurs. Les cœurs tremblent. L'ennemi se défile. Les reins se cambrent. L'ami se faufile. Les mains se tendent. Les corps s'abrillent. Le ciel se raplombe. On a vu voler une colombe. Il y a de l'espoir. Mais je sombre.
elquidam
6 juin 44
Samedi, 7 juin 2008
PEUPLES INVISIBLES
Dans le Devoir de ce week-end, un spécial autochtone; cela clos très bien ma semaine indienne. Le peuple invisible, que je n'avais pas encore vu, m'a secoué les pleumats comme dirait l'autre...Les mots ne sont pas de moi, sauf quelques exceptions, ils sont de ce peuple et de celui qui les a fait se réaliser...Merci pour la beauté de ce saccage.
Dans l’espace de ces quelques nuits,
dans le rêve d'un grand domaine,
pour que les mots se simplifient
et que LÀ-BAS ils redeviennent;
Pour qu'ils apprivoisent à nouveau
le chant de l'Indienne,
parce que ses rires au lointain
ICI me soutiennent…
To Mr. Jarvis who is alive and well
and living in Kébek…
Au royaume des mouches noires
25 kilomètres carrés par individu
l'hiver dans l'hiver
10 jours à - 30
pour traquer la bête
dans la neige épaisse
1763...1800 les derniers Algonquins
qui ont besoin de leur territoire1850…
la concentration,
les camps de réfugiés de l’ HUDSON BAY
et la peur de l'enfer
1875… inférieurs aux blancs
dépossédés comme et quand on veut,
le blanchiment de leur langue
et de leur identité,
leurs noms numérotés
100,000 âcres à la tête du lac le 1/3 de la demande
40 dépeçages (à court de sacres)
les gants blancs de l'ami
qui feuillettent leurs écrits,
et el Rodeo de Randy
1939…des gros ta$ d'argent
pour le fantôme de tes terres;
dans la centrale de ton cœur tricheur
tes cheveux blonds dans mes cheveux noirs
pour être aimé...par ton immensité...
squatters surgelés,
derniers nomades sanctifiés,
la génératrice et le barrage de ton PAYS NEUF
l'Abitibiwini en pays de chassés péchés croisés
3000 ans, par la force ou les traités,
le numéro 9 comme une symphonie oubliée;
1906… 35 milles carrés pour 600 encadrés,
bisous bye bye and kwe kwe
le chien indien qui jappe
après la vache du colon,
6000$ à Pikogan
c'est la paye pour une nice jeep,
et pour l'invasion
au cœur du territoire de la Vérendrye,
5000 bûcherons dans l'eau refoulée,
des millions de pitounes affolées
qui couvrent les rivières de la prochaine étape,
celle de l'assimilation oblate
1955-56…le pensionnat indien d'Amos
et ses petits otages de 7 ans en montant;
la méthode dynamique des grosses straps sur le derrière,
les abus sexuels et physiques,
les silencieuses SEQUELLES
pour briser ce silence
plus de sang nouveau;
90% des jeunes inter reliés
par le mariage de la consanguinité
on crie BINGO ! on crie salauds !
on crie AU FEU ! on fait ce qu'on peut
dévalisés par leur ESPACE dévitalisé,
ils ont 20 ans et six sept enfants,
la moitié ont déjà tenté de se suicider
y'a comme un frimas
pour un millions de raisons
c'est le 3ème pouvoir du nothing on the 59 acres
plus de cocaïne que de farine dans les cuisines,
ils sont 8 par maison en pleine immensité boréale;
une boîte de biscuits soda défaite en guise de planche à découper,
oui, j'ai vu LA pauvreté…
et ce silence sur eux-mêmes,
j'ai entrevu leur suicide collectif,
le déni de leur existence:
leur appartenance à la Nature
mais...
" Là j'ai trop parlé, et tu t'en souviendras pas. "
Mais ce rire à la toute fin du film,
ce rire qui m'annonce un lendemain,
je l'ai entendu me dire:
" ne viens pas par ici, tu te mourrais d'ennui..."
X
les 6 et et 7 juin 2008
Anonyme a dit:
J'ai vu moi aussi le film seulement la semaine dernière dans le cadre de "Présence Autochtone". La présence invisible de ce nous-mêmes qui fera un jour la fierté de ce Kébec millénaire couvert de pistes, de traces, de regards, de silences, d'onomatopées rieuses, d'espaces, ces télépathies intégrées à l'art et à la vie. Mais à ce jour, comment pousser dans le derrière de ces cohortes de politiciens qui n'ont jamais eu la volonté politique de solutionner ce Tiers-monde intérieur connu, documenté, blessant, ce scandale d'un pays riche à craquer : eau courante, électricité, logement, éducation, amour pour les mal-aimés... C'est trop demander, n'est-ce pas? Quant aux blessures, certaines vont rester malgré nos bonnes paroles. Que dira l'ineffable Harper le 12 juin prochain en guise "d'excuses nationales" aux peuples amérindiens? Influencé par l'ex-modèle conservateur australien, marquera-t-il l'histoire pour que l'on se souvienne de LUI?
marais
The Swamp’s Song a dit:
" Ce peuple riche à craquer ", qui frôle la faillite certains soirs de profonde anxiété, parce qu'il ne sait pas comment " conter " ses sous et ses histoires, n'est-ce pas que ça commence à sentir drôlement mauvais toutes ces excuses de la consommation exagérée faite au nom d'un bois mort/mou qui dort dur dans la forêt des mal-aimés ? Cette présence invisible me donne parfois envie de maugréer contre notre petite société de moyens parvenus, celle qui ne sait pas comment gérer ses propres portes, ni ses feuilles mortes, mais qui s'installe bien confortablement autour de son nouveau set de table, ou encore dans son fauteuil de cuir rapiécé, celui qu'elle n'a pas encore fini de payer. Comment voulez-vous que l'on soit conscients de " ces gens-là ", eux qui n'ont presque plus de voix ? Lorsque je les ai vus sur mon écran de télé, entassés dans leurs maisons pas réchauffées, avec leurs bébés presque déshabillés, et cette boîte de biscuits soda écrasée qui tenait lieu de planche à dépecer, je me suis soudainement sentie très privilégiée d'avoir eu un père, une mère, et des frères, qui m'ont protégée du froid, de la faim et de mes misères, quand elles plus " noires que blanches "...Mais comment pousser dans le derrière d'un homme qui ne sait pas comment mettre ses culottes ? Peut-être commencer par lui acheter une paire de bretelles ? Mais pas pour qu'il se les pète, seulement pour qu'il les ajuste...à sa panse...
Samedi 7 juin 2008
LES TÉLÉPATHIES INTÉGRÉES
Hier, à la bouquinerie, au fond de l'allée, je cherchais quelques chose qui me parlerait de marais, et c'est dans le rayon de la poésie que je l'ai trouvé: CRIS SUR LE BAYOU, naissance d'une poésie acadienne en Louisiane...un collectif d'auteurs acadiens. Je le feuillette un peu pour apercevoir rapidement quelque chose qui ressemble à mon prénom, c'était La chanson de Louise, écrite par Jean Arceneaux. Comment résister à mon certain narcissisme et au grand cygne noir ;-) 5 $ pour une chanson, ça vaut toujours le coût...Il y avait aussi les mots d'un certain Émile Des Marais...
Extrait de ses Faux Jetons:
" Après tout, un Cadjin instruit, c'est un non-sens comme on disait un cercle carré, un vide plein..."
CHANSON POUR LOUISE
Quand je t'ai laissée
Seule avec des souvenirs
D'un au revoir trop vite fait,
Soûl d'avoir essayé
De tout te boire d'un trait,
Je me demandais si tu caracolais
Autant que moi
Échiné, égaré,
Je me suis rendu en Louisiane
Pour essayer de rattraper mon souffle,
De calmer le feu qui brûlait
au fond de mon âme
Et là, après un si long silence,
Tu me montres autant de poésie
Dans ton langage que dans ton corps
Je revois et je repasse,
À des moments indiscrets de la journée,
Les fois où j'ai valsé la nuit dans tes bras
Guidé seulement par une symphonie de rires.
Et quelque part dans la nuit,
Un grand cygne noir prend le vent
De la baie dans ses ailes.
Jean Arceneaux
Juillet 1978
Peu après, juste avant de payer mon livre, y'avait le film Le Marais, avec un certain Paul Ahmarani qui me zieutait, mais cette fois je n'ai pas succombé, mais j'aurais peut-être dû. La télépathie intégrée de l'art devrait faire le reste du travail, et me présenter bientôt ce film à la télé. ;-)
http://www.zacharyrichard.com/lyrics/crissurlebayou.html
Anonyme a dit:
L.,. droit au cœur.
Magnolias blues
Swamp’s Song a dit:
La suite, un peu plus haut, un peu plus loin; en musique, en mots et en photos. Un dimanche humide de juin, tout près du 10, un dimanche comme je les aime. Et encore une fois " au frais " de MA princesse, ma fan vénérée.
L.;-)
Lundi, 9 juin 2008
DANS LE BASSIN
1603
Ces esprits, ceux qui comprennent;
Et ceux-là, qui ne comprennent pas.
Ici, au Bassin, ou là, sur les Plaines,
Ceux qui se promènent et voient,
Ceux-ci qui se démènent en moi,
Ceux qui se déchaînent en toi.
Parce que l'Art nourrit autrement,
Parce qu'il invoque les croisements...
Samuel de Champlain et Anadabijou,
l'Explorateur né et le Grand Sagamo;
Innus, Français, Algonquins, Etchemins,
Echanges de festins, alliance de destins;
Tribus nourries de farine et de beaux bijoux,
de maïs, d'eaux usées, de pain et de gombo.
De eux jusqu'à nous, l'envol d'un hibou;
De eux jusqu'à vous, la faim du carcajou;
Sa chair, nourrie de la carcasse du caribou,
Sa chair, entre-dévorée par celle d'un loup...
Du sang séché sur nos vieux miroirs ébréchés,
Du sang mouillé dedans nos mouroirs cachés;
Du chant de l'Oiseau à la nage de l’Écrevisse,
l'Art qui dort dehors, l'Art qui meurt encore.
elquidam
9 juin 1603
Mardi, 10 juin 2008
AVALASSES
Nous sommes peu à penser trop, trop à penser peu.
Françoise Sagan
MARDI
Lecteur, écoute ! J'ai entrepris un voyage sans carte. Avec une boussole, nous n'aurions pas trouvé ces îles de Mardi. Ceux qui se lancent hardiment, en coupant tous les câbles et se détournent de la commune brise (bonne pour les navigateurs ordinaires), ceux-là gonflent leurs voiles de leur propre souffle. Suivez de près le rivage, vous ne voyez rien. Mais si vous cherchez un monde nouveau, "Ohé, la terre !" tel est le cri que vous entendez. M'étant mis en route pour me divertir, j'ai été entraîné par une rafale irrésistible. Jeune, sans expérience, forcé de bonne heure à mener la vie dure, je continue à me laisser porter par le vent. J'essaie de conserver tout mon courage. - Et s'il est plus difficile maintenant que les mers ont été parcourues tant de fois par tant de navigateurs, de trouver des pays nouveaux, la gloire n'en sera que plus grande ! Mais le monde nouveau que nous cherchons est plus étrange que celui du voyageur qui partit de Palos ; car c'est le monde de l'esprit, où l'errant peut avoir plus de raisons de s'étonner que la troupe de Balboa parcourant les vallées d'or du pays des Aztèques.
Herman Melville
MARDI
Un si beau jour que ce 10 de juin...Comme à chaque année, beau temps mauvais temps il revient pour me hanter. Et même s'il tombe de l'eau comme des clous, même s'il fait encore trop humide, même si je ne suis pas allée voir le Géant dans le Bas de son Fleuve salé, ce 10 juin sera comme à l'accoutumée: un jour entier, que j'aimerai toujours me remémorer...
1997, c'était une bonne année, le jour était plus bleu que les yeux de mon aîné...Mais ce matin, Alain m'a téléphoné, nous ne nous voyons pas tellement ces jours-ci, c'est qu'il travaille de 7 à 7, 7 sur 7, car les petites fleurs annuelles de ses riches clients doivent être toutes plantées à bonne heure dans leurs beaux grands parterres tout verts...
« Ah! que l'été sera beau mon ami, si seulement tu peux en finir avec la beauté ;-). Nous pourrons enfin aller nous promener dans l'Île, ou dans le Bassin, sur la Promenade du sieur Champlain, dans les Parcs, sur les Plaines, dans le Noir, dans le Bleu, sans nos petites laines de moutons noirs, avec nos petites peines des grands soirs. J'ai hâte de te voir. »
***
Ces mots ont été écrits dans le milieu de l'avant-midi, donc avant l'orage violent qui a secoué nos pommiers. Et maintenant, ceux-ci...alors que le soleil luisait haut dans le ciel de Québec. Ils sont inspirés de mots volés aux cris du bayou, et sans savoir ce qui s'en venait, l'orage déjà s'écrivait...
Mercredi, 11 juin 2008
1959-1965
... his own face enthralled him. Each angle of it induced a different impression. It was a changeling's face, and mirror-guided experiments had taught him how to ring the changes, how to look now ominous, now impish. . .
Truman Capote
In Cold Blood
Oiseaux-moqueurs (mockingbird): merles américains imitant le cri d'autres oiseaux.
1959
Un long manteau beige qui traîne dans la poussière ensanglantée de l'Arkansas. L'auteur se souvient de la Nouvelle-Orléans, de sa mère, et de lui, enfant dedans. Truman Capote raconte à Perry leurs ressemblances. Le Peace tatoué sur la poitrine de l'assassin. Les ligaments étirés d'une âme déchirée par son destin. Le train qui transporte l'écriture avec à son bord l'homme qui la hachure. Un supermarché. Une rangée de boîtes de soupe Campbell. Le pistolet d'un jeune garçon. L'arme à gauche de la télévision. S'effondrer " là-bas " devant les quatre cercueils de bois. Voir la robe de velours rouge cerise et les têtes enveloppées dans le coton gonflé. Voir des fenêtres illuminées. ABSURDE et EXACERBÉ. Deux mots qui se sont troublés. Une chaise dans la cellule. Des conversations de silence. Dans une maison sans coffre-fort, chercher 10,000 dollars. En trouver 40. Alors, tuer. IN COLD BLOOD/DE SANG FROID. Presque sans remords. Une famille d'étrangers. Les tuer à bon marché. Quatre années pour rédiger cette histoire de condamnés. Deux misérables créatures. Deux oiseaux moqueurs, prisonniers de leur nature. Et pour l'auteur, une torture. Le début d'un nouveau trépas pour la fin qui n'arrivera pas. La cérémonie de la cravate pour ceux qui assistent au spectacle. Deux autres meurtres. Mais le temps me manque, je n'ai plus que cinq minutes à vivre. J'ai donné mes yeux à la science. C'est l'au revoir ultime à ma bonne conscience. 14 avril 1965. Deux hommes ont été pendus. Comme Louis Riel, comme De Lorimier, comme Coffin et Hussein, deux petits bonhommes qui avaient croqué la mauvaise pomme. Et ça pourrait arriver à nouveau. Mais je ne me rappelle pas ce que je voulais dire. Je ne changerai jamais.
" Quelque chose de tellement effrayant c'est....c'est... rassurant. "
Truman Capote
Jeudi, 12 juin 2008
PARADE
Freya à Hal:
--- " Il faut décider de ce qui doit être éliminé. Choisir un détail particulier pour suggérer tout le reste."
Thomas Wharton
Le champ de glace
(page 174)
Le pire empire, celui que j'ai retrouvé dans le miroir d'un couteau dématelassé. Le meilleur moyen de ne plus chanter, c'est d'oublier qu'il y a déjà eu un été. Aujourd'hui, c'était l'été. Des étourneaux ont picossé un merle bébé, ils l'ont saigné, ils l'ont tué. Mon voisin l'a ramassé. Il a alors sorti son gros méchant hibou de plastique et l'a installé sur sa corde à linge. Les étourneaux ne sont pas revenus pour parader et tuer les petits oiseaux dans nos cours accidentées. La maman merle a pleuré. Un avion militaire des USA est passé au-dessus de nos fenêtres fraîches lavées. C'était comme une autre sorte de parade qui fait peut-être un peu peur aux oiseaux...
elquidam
Lundi, 16 juin 2008
JONGLERIE
À l'Est, rien de nouveau.
Au Centre, un tourbillon.
À l'Ouest, un futur ennui,
une rébellion, un charivari.
Des mots sans queue ni tête
pour des heures de réflexion.
Un cœur en pénurie d'amis.
Et des mots sans prétention.
Pour lire les lignes d'une main honnête.
Pour ne pas comprendre leur définition.
L'Auteur écrit, le Lecteur le suit.
Ils pondent des introductions
pour fabriquer une séduction.
Au fil des heures et des humeurs,
les mots se croisent et se défont.
Ils font semblant qu'ils sont ensemble,
sauf quand il leur semble
qu'À l'Est d'Eden y'aura du sang nouveau,
qu'au Centre de la peine sept milliards de caniveaux;
qu'à l'Ouest de la haine plus rien que des dalots
pour ces millions de quilles qui dorment sur le carreau.
elquidam
Mardi, 17 juin 2008
CONCERTS
Le jour est à l'orage, " à la Beethoven ";
le jour caché dans le garage,
avec ses huiles et ses mirages...
Il fût un temps où écrire n'était qu'un jeu, un jeu qui ressemblait à celui de mes heures gaspillées dans les terrains boueux d'un parc amoureux de ses arbres en feu. Acrobaties de lettres dans la bouette, mots gentils, mots obsolètes; remerciements à l'infini, tempérament de fée finie. Mais la nuit ne fait que commencer, regardez briller les jeunes étoiles, celles qui composent à la vitesse des femtosecondes ces histoires saintes qui vous emmènent dans le plus profond de leur tiroir à phénomènes. Une certaine terreur blanche habite leurs habitants, êtres d'os, de plumes et de sang. Ces histoires qui font peur aux petits amants, celles qui seront toujours écrites par les plus grands, celles qui commenceront presque toujours par Il était une fois...
...un petit garçon qui ne savait pas à qui il s'adressait...Mais tout le monde ici le savait, surtout moi. Il n'était pas encore né que j'avais déjà commencé à écrire des poèmes sans tête. Il savait qu'il était aimé, mais ne savait pas jusqu'à quel point. Un jour, j'écrirai que celui de la Suspension était son préféré...
Un noble visiteur dans ma cour
Photo: L.Langlois
Le jour était à l'orage, le jour était lourd de ses nuages; le jour s'était fait beethoven, la nuit se préparait à en être une, sans lune et sans l'autre...La mouffette était sortie de sa cage, les corneilles brillaient sur le fil du rasoir, les merles étaient toujours aussi sauvages que les mésanges, ils avaient toujours aussi peur des étourneaux. Et le raton-laveur, lui, dormait dur sur un nuage, avec les écureuils qui sont parfois un peu trop sages. (Un ange passe)...Ils rôdaient tous au bord d'un marécage, libre de ciel ouvert. Ils étaient revenus nicher dans ma cour, sous les hospices des jeunes feuilles de mes grands arbres âgés, à l'envers d'un décor sans cygne, à travers la splendeur d'un jour misérable...
elquidam
Mercredi, 18 juin 2008
DES BONS BISCUITS
Nous, êtres limités à l’esprit illimité, sommes uniquement nés pour la joie et pour la souffrance. Et on pourrait presque dire que les plus éminents s’emparent de la joie au travers de la souffrance.
Ludwig van Beethoven
Quelle inoubliable soirée ai-je passée hier soir en la prestigieuse compagnie des Violons du Roy ! Ce fût une joie, un vrai délice, et voici mon hymne:
Duras. La pluie. L'été 80. Dans l'autobus, je lis à côté d'un Mexicain. À la porte du Palais, le DG, Daniel Gélinas, à la tête de 400 années. Bonjour/Bonsoir. Un sourire. Une rencontre. Lui aussi assistera au concert...
Dehors, c'est la pluie...encore. Et quelques braves. La Salle. Sa splendeur. Le Placier. Le Programme. Le Présentateur. Les Spectateurs. L'Orchestre. Le Chef. Les Violons. Le Piano. Le Pianiste. Le Chœur. Les Solistes. La Voix, l'Esprit et le Cœur du Maître sont là. Son Spectre flotte. Il est venu pour entendre dans le silence quelques unes de SES notes. Il est venu pour respirer quelques uns de ses SES airs préférés. Pour profiter de NOTRE temps...
Vienne 1808 versus Québec 2008. Deux siècles plus tard. Tout est encore magnifique. Rien de plus réel ni de plus magique. Quatre heures passées à écouter de ce Fantastique. En introduction, la Pastorale, la cinquième devenue la 6 ème. Au milieu d'un monde rural, le chœur d'un orage fondamental. Et la 5ème, la vraie, l'unique, la " destinale ", pour jouer un tour...à nos destins...Et en finale, la Fantaisie chorale, pour improviser un certain solo initial...
Un peu comme si nous avions été à bord d'un Titanic musical, entrain de sombrer dans le noir éclatant de l'Estival...Le Gloria, le Sanctus et le Benedictus, nous sommes tous venus assister à une Messe en ut. Ah! Perfido et ce Concerto pour piano. La voix divine de Lyne. Les mains du pianiste Lupo. Leur fantaisie. Leur chapiteau. Un soleil dans le piano. Rien ne pouvait être plus beau et plus parfait que d'entendre ces sons sublimes, cette création faite par et pour l'Homme, inspirée des différents destins que nous sommes...Cette musique diluvienne interprétée par des Musiciens autonomes, dirigée par des mains (et un corps) de Maître, une sorte de nouveau héros, le docteur Bernard Labadie, électromagnétique Maestro !
Aujourd'hui mercredi, lendemain de concert, il pleut encore. Ludwig a du regagner son ciel d'orages. Les Musiciens d'ici profitent certainement d'un bon repos, et nous, simples Spectateurs, de cet inestimable gros lot.
Merci Maestro !
Et Merci à vous, M. Leclerc, vous faites de bons biscuits !
Acceptez donc joyeusement, chères âmes,
Les présents d'un art sublime;
Lorsque s'unissent l'amour et la force,
L'homme est comblé par la grâce divine
Fantaisie chorale pour piano
Chœur et orchestre, op.80
Vendredi, 20 juin 2008
SUMMERTIME
J’ai lavé presque toutes mes fenêtres, planchers, murs et escaliers. Je suis fatiguée. Après toutes ces années, je crois qu'il est enfin temps d'aller un peu me reposer à... l'Autel Novella…*
* (POUR LA SUITE (LOGIQUE), VOIR LE BLOGUE LE RETOUR DE BRAD DANS LES LIENS AU BAS DE LA PAGE DES AUTRES BLOGUES)
La main droite de mes 16 ans
Laval-des-Rapides, été 1973
Dessin: Patrick James Nestor
Jeudi, 21 août 2008
EXIT
Notre nouvelle réceptionniste a tout fait flamber ce matin, et l'Autel, et mes mots, et toute la musique qu'il y avait dedans. Tard hier soir, elle a laissé entrer un jeune terroriste qui avait l'air, dit-elle, très fatigué. Par mégarde, croit-on, il aurait laissé traîner un mégot allumé, son tout dernier. Nous n'avons encore retrouvé aucune trace du cendrier...La chambre 333 a flambé. Le Pianiste de l'autel s'est sauvé. Il a eu très peur. C'est pourquoi je suis revenue m'abriter ici aux Fenêtres Ouvertes. C'est pas tout à fait le même confort qu'à l'Autel Novella, mais pour le moment je m'y sens un peu plus en sécurité, quoique l'odeur nauséabonde qui est venue par fumée, embaumer le corps de ce funeste Chambreur, me fasse encore fuir ailleurs...
Jeudi, 21 août 2008
LES PROPHÈTES
Tellement de livres à achever de lire.
Tellement de soleils dans ma mire...
L'Autel parti en fumée. Le Désarroi des employés. Il faut apprendre à tout gérer, même leur peine réfrigérée. Notre nouvelle réceptionniste se tape un de ces cafards, elle se reproche d'avoir laissé entrer le jeune kamikaze, mais il était tellement beau, affable et spirituel avec elle, jamais elle n'aurait cru qu'il avait comme destin, ou plutôt comme dessein, de détruire cet immeuble qui l'abritait depuis quelques semaines seulement. En bonne réfugiée qu'elle était, je l'avais engagée, non pas pour sauver quelques dollars, mais sa peau, et peut-être la mienne. Elle est bolivienne, elle parle donc l'espagnol, et nous avons toujours besoin de quelqu'un qui sache parler espagnol dans un autel...Mais les autels, comme tout autre immeuble, ne sont que des espaces remplis d'objets fragiles plus ou moins utiles, des objets qui de toute façon sont appelés à disparaître un jour ou l'autre, à devenir des ruines...Il ne faut pas s'apitoyer sur leur sort, pas plus que sur les nôtres....
Je me souviens lorsque les tours jumelles sont tombées à New-York le 11 du 09 2001, de m'être apitoyée sur le Grand Vide qu'avait laissé les " bons " hi-jack qui pilotaient des bombes/avions remplis d'essence américaine, eux que la destruction ordonnée des emblèmes financiers n'empêchent jamais de mourir sans regret ni peine. La destruction n'est qu'un jeu au fond, puisque nous savons que nous reconstruirons et les immeubles, et les routes, et le Doute...Mais toutes ces vies qui se sont éteintes ce jour-là ? Elles n'ont sûrement pas été prises en vain, voyez comme je m'en souviens...
Il y a les assureurs qui arrivent à l'instant, ils viennent pour évaluer les dégâts matériels, la patronne s'en occupera, car moi j'ai à faire, je dois aller consoler Mariella, elle est encore très ébranlée par tout ce brouhaha. C'est une chance, ou un adon, que la patronne n'ait pas fermé ses Fenêtres Ouvertes cet été; voyez comme son bed & breakfast pour vagabonds affamés nous sert d'asile en ce moment désespéré. Nous ne sommes pas prêts de sortir de l'auberge elle et moi !
Mais ce livre que j'achevais de lire pendant que l'Autel flambait, Les Prophètes, de Sylvain Trudel, je dois dire que c'est un livre tout à fait remarquable, très bien rempli de ce Vide où nul n'est prophète en son pays. Ce cher Monsieur Trudel, qui écrit de si bonnes nouvelles, qu'elles lui méritent parfois des prix " d'occasionnels ". Comme il est rassurant de lire des hommes comme lui, même si leurs histoires finissent plus ou moins bien. C'est un grand auteur. Un noble. J'y reviendrai, après que les assureurs nous aient quittés...
J'oubliais, le piano n'a pas été tout à fait brûlé, il reste encore " quelques notes " que je ferai jouer ici, aux Fenêtres Ouvertes, la patronne l'exige....
Et puis, on a retrouvé ce cendrier, celui en laiton marocain. Mais on se demande toujours où est allé se réfugier notre Pianiste américain. Peut-être était-il simplement parti...avant l'explosion...Qui sait ?
Vendredi, 22 août 2008
IL SUFFISAIT…
Le bonheur ne se cache pas.
Céline Dion
...de s'être retrouvés " en famille " en ce soir de demi-lune pour que nos cœurs se soient copiés/collés sur le sofa de cuir de Claude et Alain, nos doigts bronzés autour des verres remplis de bière, de vin et de tequila rosée. L'atmosphère, c'est ce qui compte, l'atmosphère des petits soirs lors de grandes retrouvailles. Céline, c'est ce qu'il nous fallait pour s'être aimés un petit peu plus qu'hier, pour se rendre compte que nous étions là pour nous et non pas pour elle...Et nous irons écouter ce show que McCartney a fait sur les Plaines le 20 juillet passé, Linda et Pierre l'ont fait copié en DVD. Après, si la température le permet, nous irons probablement nous saucer dans leur belle grande piscine creusée illuminée, on aura sûrement le temps de reparler de cette soirée mouvementée de notre super été 2008. Le 400 ème s'achèvera, l'automne arrivera, on ira revoir les Blue Seeds, au Petit Champlain cette fois. Les annuelles se seront compostées d'elles-mêmes, on attendra que la neige tombe...Presque 1 heure du matin, il est temps d'aller se coucher...et de rêver...à demain.
Samedi, 23 août 2008
THE DREAM CATCHER
Mon rêve échappé de ses brumes aujourd'hui rat trapé. Sous le couvert de nos plumes, pas encore retrouvé. Par les voix de nos terres, le goût du pain quotidien. Dans le désordre de l'air indien, celui de nos mystères au matin...
The Scream's scratch/
The Dream's catch/
Everyday/everywhere/
Here and there/
and nowhere.
elquidam
Dimanche, 24 août 2008
LE GÉANT PAPILLON
Tous à la Foire aujourd'hui, (cadeau de Monsieur le Maire de Québec)... J'ai vu un lapin géant papillon. Impressionnant. Mais comme il faisait chaud, pauvres petites et grosses bêtes. Le mini-cheval: quelle beauté. Les poules de soie, les vaches, les cochons, un serpent (?), des enfants, beaucoup d'enfants, des parents, des jeux, de la barbe à papa, des pommes de tire, des ballons, des rires: quelque chose qui s'était rassemblé sous les couleurs de l'été. Toutes ces odeurs particulières des grandes foules rassemblées sous l'arche des folles chaleurs....
Les gens de Québec, c'est vrai, ont été très gâtés depuis le 31 décembre dernier; tous ces spectacles " gratuits ", avec ces gros et petits noms... Des acrobates, des musiciens, des chanteurs; les images du Moulin, le Louvres des Français, la Promenade de Champlain; ce soir, le Paris-Québec, avec la savoureuse brochette d'artistes d'ici et de là-bas; et demain, notre si attachant Orchestre Symphonique, avec l'Ouverture 1812 et le non moins célèbre Carmina Burana, et plus tard cet automne, le Cirque du Soleil 3 soirs, et j'en passe.
Daniel Gélinas, le bouillonnant DG des Fêtes de cet inoubliable et fort réussi 400 ème, disait dans le Soleil de ce matin, avoir déjà comme une petite peine à ce que ça s'achève, mais comme on dit " toute bonne chose a une fin "...mais je préfère écrire une faim...
Ce soir, en m'endormant à la fraîche de l'air " conditionné ", j'espère que notre prochain rêve sera tout aussi beau que celui de la nuit dernière; j'espère que son Capteur l'aura "catché " lui aussi...
Jeudi, 28 août 2008
LIVE FROM HERE
Six ans déjà aujourd'hui. Trop vite passés. La France et la Belgique. Mon envolée vers elles. La France et son tour...inévitable. The look of love ..De ses vignobles aux bords de sa mer, tous ses visages, toutes ses odeurs. Paris, la fête. Ses ponts. Ses bêtes. Montmartre, les poètes. Sa beauté, sa conquête. Boulevards. Hôtels. Lumières. Taxis. À voir. À boire. L'eau de la Seine. Le vin de La Loire. Le cidre de la Bretagne. À boire. À boire mesdames. La lumière séculaire. Les vieilles vagues. Et le sourire. Celui de ma mère. Ses bras grands ouverts. Et le regard de mon frère. Embué. Le sourire de toute sa terre. Notre Normandie. Ses tombes. Ses bombes. Sa pluie. Notre peine. L'horreur. Deed I do. A case of you. Et le bonheur. La chaleur de nos hémisphères. La route. Le doute. Alone or together. Just the way you are. Just the way we were...Boulogne-sur-mer. Le plus petit bar de la terre. À boire. À boire. À dire. À faire. À rêver. À dormir. Bruges. La pluie. La tapisserie. Les gondoles. La pluie...et ses dentelles. Let's fall in love. L'Alsace. Les vins. Leur route. Le paysage...à boire. Et la chaleur du soir. Le bleu qui danse dans l'essence de son ciel. La Champagne aux milliers de milliards de bulles. L'effervescence des mariages en tulle. La plus petite France. Et ses anges. De Noël. Qui nous font pousser des ailes. Fly me to the moon...To André from Marielle. Maybe you'll be there...Maybe he was there. With his love and kisses....Le tour de son Étoile. La France. Ses effluves. Sa cuisine. Ses châteaux. Ses ruines. Toutes ces chansons under my skin. Et le Retour. Et la chaleur. D'ici. La barbe neuve. Les yeux bleu-gris. La batterie ancienne de nos coeurs agrandis. Les pianos aux doigts noirs et blancs agiles. Les lapins géants aux pattes si fragiles...I love (d) being here with you...and Diana...S' wonderful...
En mémoire de ce long et beau voyage en toi.
Merci à Diana Krall pour l'inspiration de son PARIS ...
https://qello.com/concert/Live-In-Paris-2329
Jeudi, 28 août 2008
DÉAMBULATION DU JEUDI
Dans les flaques des fenêtres et les reflets mouillés, le brouillard vibre.
Il s'échappe et danse pour d'autres étreintes que la mienne.
(p.458)
Robert McLiam Wilson
Ripley Bogle
Traduction: Brice Matthieussent
Éditions Christian Bourgeois
un mois de juin anglais/
une espèce de but/
l'amitié du pavé
(.........................)
vous écrivez des poèmes/
Dieu vient vous parler...
l'élégance du vagabond/
vous aimeriez ses yeux.
l'haleine vénérable de l'enfance/
le fouet de l'euphorie démente
la Nuit de l'Internement/
homoncule dansant et esquivant
l'obscurité sans lune/
ma toute première aube
l'épice corsée du danger/
le doux deuil d'un autre monde
le scepticisme des condés/
l'étrangement nommé Maurice Kelly
un ciel de spectateur/
un crépuscule seyant
le violent coup de marteau de la faim/
la lance du vent
les ruelles cruelles/
les dieux de la pauvreté et du sommeil
la rumeur de l'aube au fond du ciel bas et fluide/
la chanson triste des trains
la secousse juteuse de la reconnaissance/
le pornopouls de la modernité
le brouhaha aigre et compact de Trafalgar Square/ le fleuve gris soupe
cette si précieuse encre de vie/ personne n'aime les génies
(à suivre...)
Vendredi, 29 août 2008
DÉAMBULATION DU VENDREDI
Peut-être que l'attente était tout.
(p.453)
(Toujours du même Ripley...)
une connivence silencieuse dépourvue de sourires/
un cortège de vers trempés/
la pénombre ocre du petit hall/
le trésor de l'oubli/ la parade idéale
la fatigue du rêve/
les émeutes molles/
le lugubre regret/
le fil d'or de la poésie
un certain Dimanche Sanglant/
(un) brouhaha lointain (de) voix déprimées
des mains attentives de jardinier/
(des) bruits (de) jardin
le halètement gras des hélicoptères/
une soudaine bouffée de puissance profane
la corruption de la pluie et du brouillard/
les larmes, bulles de sel silencieux
l'essoreuse draconienne des contingences de la vie/
une frime ostentatoire et sans scrupules
le porto et le faisan/
le goût des choses mortes
la froide magie de l'ignorance/
mon capital de souvenirs/
ma propre énigme naissante
(à suivre…)
Samedi, 30 août 2008
DÉAMBULATION DU SAMEDI
Notre passé possède cette force concentrée de l’œil implacable.
(p. 455)
l'air lourd/l'imminence de l'orage/
étranges formes de vie innommables
hiérarchie de l'épuisement/
vague bourdonnement de l'ennui citadin
cygnes gris sale, royaux/
géographies rêveuses de paix et de repos
pâle lueur studieuse dans l'après-midi pesant/
Cambridge, doux manteau du fascisme imbécile
un passeport pour le désir/les filles/
ruban de joie/guirlandes d'espoir dans mon esprit
à contretemps de mon cœur instable/
deux âmes nouvellement liées par un désir poli
cette espèce d'amertume beige et mouillée/
éclaboussure d'extase sur mon herbe noircie
l'immense ennui nu/
le blanc temporel/
la douleur de la distance
oublions les samedis,
ces salauds en folie !
bien tristes quidams
Cambridge/des livres/
une muraille de papier/
l'emphase (des sages)
gigantesques fenêtres lucifériennes/
pleins tombereaux de commentaires à développer/
cantique flûté du passé
comme la négation d'un geste printanier/
traînées de fleurs tardives/
les choses sans fard/
la grâce imprévue de la certitude érotique
les mêmes blagues vaseuses/
l'ombre d'un prétexte
la force écervelée des jouvenceaux/
la clause suspensive dans tout ce bonheur immérité
l'aria du crieur/
l'appel aviné du triomphe,
de la perte et du désespoir fou.
déambulation est le nom de mon jeu.
(à suivre...)
Dimanche, 31 août 2008
DÉAMBULATION DU DIMANCHE
Pour tous les vagabonds, y compris toi et Ripley...
Robert McLiam Wilson
C'est sûr et certain qu'il y aura demain;
sûr, mais incertain qu'il y aura de main.
Les sosies de notre monde d'impossibles,
au cœur d'un vagabond céleste, invisible...
Moi qui ai commencé par les trompettes de la lamentation,
je me brade éternellement.
(p.459)
Robert McLiam Wilson
Ripley Bogle
la poésie des revenus dégressifs/
du " matériau (d') amoureux "
les hasards de l'investissement érotique/
la douleur, le lait caillé du regret
sur le front des menaces vitales/
ce bluff
une énorme chape de lassitude et d'inconfort/
l'école de la tendresse
le restant de nos forces/
grands caillots de vie
nous avions besoin d'un guide/
la mer boueuse, malvenue
sous l’œil terne de mes fautes/
le frottis de la mémoire
(le mensonge) verrou crucial, vital, irremplaçable/
un authentique artiste de la paresse
je chante dans mes ténèbres et j'ouvre les yeux/
(j'entends) les bruits boueux de Trafalgar Square
(je vois) cette pente savonneuse de la dissimulation/
(je pense que) j'ai tout inventé.
Fin des Déambulations de Ripley Bogle.
C'est toujours dimanche, le jour le plus long....
Le moindre signe de gratitude la faisait détaler comme un lapin écumant d'un mépris incontrôlable.
( p.318)
Lundi 1er septembre 2008
VOGUE ET PAGAIE
Rire jaune
Clown mélancolique qui se fait entraîner dans les sombres dédales du cauchemar. Un titre un peu long, pour une toile inachevée qui traîne dans un coin en attendant que des heures se libèrent.
Rémy Guenin
Amergyn
Contre le vide asphyxiant,
entre les yeux & le cerveau,
ériger une grande tapisserie-miroir
où sont reflétés
les spasmes & les éclats
de l'Imagination.
Berner la Vision,
mentir aux Sens,
afin de se détourner
du Sentier Organique
où tout est Viande,
tout est Sexe,
tout est Cannibalisation.
Avec un peu de chance
l'Illusion se fera Contagion
pour qu'alors tous les Galériens
arrêtent de ramer
en même temps.
Simon Gingras
120375-338
10 octobre 2007
http://ellivret-sam.blogspot.com/
***
C'est ce qu'il restera de ces émois,
de ces impressions-là,
de celles de ces dix derniers jours...
À Simon
Commun soudain passé, commune jonction entre le rêve et la réalité, commun trop long poème de soir trou noir, comme une livrée endormie de petits loirs, comme une E-toile oubliée dans l'Art moire, comme une étoile qui tombe au fin fond de ce soir...Rien de ce qui fût contraire à nos abattus aura maintenant le goût du Tout désormais vécu...
Dans mes fenêtres jadis ouvertes, effacer tous les traits sacrés de la craie, ceux des ardoises à regrets. Des mots de sans pitié, des mots de sang-paroles. Et comme eux, je dirais que je disparaîtrai. Sous d'autres cieux. Dans un autre autel. Ou une grotte. Toujours sans lumière. Pour pagayer dans d'autres mystères, pour ne pas gagner à peu de " fraie " les aveux du commen taire. Pour ceux qui n'ont ni pagaie ni prière, pour ceux qui sont et seront mes seuls intérêts...
Je passerai tout d'abord par le détroit dangereux du temps orageux, celui que l'on annonce toujours dans les heures sans trêve... Je veux me rendre dans les confins inexploitées d'une Citadelle de saouls terrains, pour visiter véritablement les dessous de cette ville veuve, cette ville de retardements, cette Cité sans dessin, sans loups ni marins, mais dans laquelle y respirent, sous ses eaux plus ou moins boueuses, quelques grands requins...
La Lune qui se lève au bout du Premier Jour remplira de sève et d'atours les embouts usés de nos corps transpercés...Je pense que la Nuit sera prochaine, étoilée et souveraine, qu'elle ne sera ni trop longue, ni trop brève...
elquidam aka Louve Hurlante
" Only the wolf can live under the water "
Jean Leclerc, dixit Jean The Wolf
***
FIN des FENÊTRES OUVERTES DIX
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